Pas de quarantaine pour les revendications !

Le président Macron a annoncé lundi 16 mars une nouvelle série de mesures drastiques : un confinement généralisé pour « au moins 15 jours ». La crise sanitaire est en effet manifeste et personne n’ignore l’état alarmant dans lequel se trouvent les services publics, et notamment le service public hospitalier, ravagé par des années de coupes budgétaires. Les personnels de l’Education nationale sont appelés en soutien, notamment pour la garde d’enfants des personnels soignants.

Dans cette situation exceptionnelle, il ne suffit pas d’appeler les Français à se « hisser à la hauteur du moment » : il faut donner au service public les moyens de faire face. Il faut arrêter les suppressions de postes, arrêter les contre- réformes et la destruction des statuts, il faut que les personnels volontaires puissent travailler en toute sécurité, que leur santé soit préservée.

La suite ci-dessous :

 

Le télétravail : des textes existent, le SNFOLC 35 appelle à leur respect !

Ces derniers jours, notre employeur multiplie les cafouillages et les aberrations : obligation de venir sur son lieu de travail en pleine pandémie, se réunir pour participer à des conseils de classe alors que de l’avis du corps scientifique et médical, il s’agit d’un facteur de contagion…Passons également sur le mépris habituel avec lequel le corps enseignant est traité et présenté.
 
Face à tant d’impréparation, il faudrait en plus, maintenant, que les enseignants assurent une prétendue continuité pédagogique via le télétravail. Peut-être notre employeur a-t-il oublié que nous sommes dans un Etat de droit et qu’il existe des textes de loi, en l’occurrence le décret n° 2016-151 du 11 février 2016 (consultable en bas de page).
 
 
Que dit ce décret ?
 
Article 2
 
« Le télétravail désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle les fonctions qui auraient pu être exercées par un agent dans les locaux de son employeur sont réalisées hors de ces locaux de façon régulière et volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication. »
 
Le télétravail n’a donc rien d’obligatoire comme semble le sous-entendre notre employeur : il est sur la base du volontariat. Il est bon de le rappeler lorsque l’on constate les remontées du terrain qui nous sont faites : tel collègue doit potentiellement répondre individuellement à plus de 120 élèves sur ProNote, tel autre collègues qui a passé plus de 10h dans sa journée à mettre en place les « solutions » proposées par son établissement, etc.
 
Article 6 
 
« Les agents exerçant leurs fonctions en télétravail bénéficient des mêmes droits et obligations que les agents exerçant sur leur lieu d’affectation. L’employeur prend en charge les coûts découlant directement de l’exercice des fonctions en télétravail, notamment le coût des matériels, logiciels, abonnements, communications et outils ainsi que de la maintenance de ceux-ci. »
 
Si un collègue est, malgré tout, volontaire pour effectuer du télétravail, alors notre employeur doit prendre en charge financièrement le coût de cette tâche : ordinateur, abonnement internet, autre équipement informatique, etc. Ce n’est pas à un employé de payer son outil de travail !
 
Le SNFOLC 35 vous recommande donc de refuser le télétravail. Nous n’oublions pas le mépris, la suffisance et la morgue affichés par notre employeur lorsqu’il s’agit de répondre à nos revendications sur les retraites, les salaires et d’une manière générale sur nos conditions de travail. Il est donc hors de question de lui offrir notre force de travail.
 

40% de retraite en moins en échange d’un plat de lentilles et l’augmentation du temps de travail en prime

C’est en présence de la conseillère sociale de Jean-Michel Blanquer et du Directeur des Ressources Humaines que les organisations syndicales ont été réunies le 7 février. Il s’agissait de présenter les différentes « pistes » de revalorisation censées compenser la suppression du Code des pensions civiles et militaires et la fin du calcul de la pension sur les 6 derniers mois, pour les enseignants. En effet, il faut rappeler que les personnels non-enseignants sont exclus de la prétendue « revalorisation », mais ils verront, comme tous les fonctionnaires, leur pension baisser.

Que proposent le gouvernement et son ministre de l’Education nationale ?

Une première « marche » de 500 millions d’euros. Une partie de cette somme servirait à verser une indemnité dégressive sur toute la classe normale pour les débuts et milieux de carrière allant, selon les différents scénarios, de 156 € à 15 € nets par mois. La FNEC FP-FO a opposé au régime indemnitaire l’augmentation du point d’indice (18%) pour compenser la perte du pouvoir d’achat.

Le Ministère va même plus loin pour décliner son indemnité qui serait différente entre les professeurs des écoles, les certifiés et les agrégés. Il s’agirait d’opposer les personnels entre eux, les jeunes contre les moins jeunes. La FNEC FP-FO refuse de cautionner cette mise en concurrence des personnels.

▪ Exemple 1 : 14 % des enseignants « revalorisés » : ils toucheraient, quel que soit le corps, une prime allant de 156 euros nets mensuels (échelon 2) à 64 euros (au 5ème échelon) et rien pour les autres.

▪ Exemple 2 : 44 % des enseignants « revalorisés ». Le PE toucherait une prime de 114 euros nets mensuels (échelon 2) à 14 euros (échelon 8). Un certifié toucherait une prime allant de 106 euros nets mensuels (échelon 2) à 7 euros (8ème échelon). L’agrégé toucherait une prime allant de 99 euros nets mensuels (échelon 2) à zéro euros (échelon 8).

Il ne s’agit donc pas d’une augmentation de salaire. Et c’est loin, très loin, de limiter la baisse drastique du montant des pensions, dans le cadre de la réforme Macron.

Le marché de dupes ne s’arrête pas là…

Une autre partie des 500 millions servirait à rémunérer la formation des personnels… sur le temps de vacances, et des heures supplémentaires à effectuer pour remplacer les professeurs absents dans le 2nd degré !

Et ce n’est pas l’augmentation annoncée de 2 points (15% à 17%) du nombre de promus à la Hors-Classe pour les professeurs des écoles qui va permettre de faire passer la pilule de la réforme des retraites !

Pour Blanquer, il faudra travailler plus pour gagner un tout petit peu plus et surtout en finir avec le Code des Pensions.

Les scénarios proposés seraient valables un an, les autres « marches » seraient négociées chaque année comme dans le privé. Le ministre propose aux personnels une indemnité en contrepartie d’une baisse du montant des pensions à hauteur de plusieurs centaines d’euros par mois (jusqu’à moins 40 %) : une honte !

Le ministre est bien un menteur quand il dit que le montant des pensions ne baissera pas

La FNEC FP-FO exige toujours avec les millions de salariés le retrait de la réforme de retraite par points et s’oppose au détricotage du statut de le Fonction Publique d’Etat auquel le Ministre veut associer les organisations syndicales. Le dispositif prévu par le Ministre confirme les craintes des personnels et le rejet de la réforme Macron.

C’est pourquoi, la FNEC FP-FO appelle l’ensemble des personnels à poursuivre la tenue des réunions et des Assemblées Générales et à prendre toutes les initiatives pour faire échouer la réforme Macron-Philippe.

 

Ci-dessous : une annexe qui récapitule les 4 propositions du Gouvernement.

E3C et retraite par points : le rejet est total

Le déni du ministre sur les E3C

Le ministre Blanquer peut toujours dire qu’il ne se passe rien dans les lycées sur les E3C alors que deux tiers des académies sont en vacances scolaires et que les établissements sont fermés… Mais, dès que la rentrée des congés a lieu, le mécontentement resurgit. Le ministre responsable de cette situation n’a pas répondu aux milliers d’enseignants et de personnels sur le refus des E3C. C’est toujours la politique de la répression, outil généralisé par le gouvernement pour faire taire les revendications.

Sur Paris, dans plus de 40 lycées les E3C ont été reprogrammées à partir du 24 février.  Aujourd’hui, la réalité est celle-ci : lycée Colbert, bloqué, présence des forces de l’ordre et les élèves obligés de composer sous la pression au lycée Balzac, les lycéens ont déchiré leur copie. Impossibilité de faire passer les E3C dans les lycées Bergson, J. Decour, V. Hugo, par exemple.

Le ministre peut affirmer que ce mouvement de refus est localisé dans certaines académies, il n’y aurait pas tant d’inquiétude de sa part si le mouvement était totalement minoritaire : nouveau report à Joliot Curie, à Nanterre, grève des E3C au lycée J-J. Rousseau à Sarcelles, au lycée de Beauvoir à Garges, les personnels et lycéens se sont aussi mobilisés, au lycée Feyder d’Epinay-sur-Seine, etc. Au lycée Mozart, en Seine-Saint-Denis, les enseignants ont fait massivement grève le 24 février contre les E3C. Les trois quarts des élèves n’ont pas composé. Au lycée J. Brel à La Courneuve, les forces de l’ordre n’ont pas permis le blocage, mais pour autant, aucun élève n’a composé ! Et le ministre de dire qu’il ne se passe rien !

Le mensonge du ministre sur les retraites

Le ministre passe son temps à asséner aux professeurs que les montants des retraites ne baisseront pas, que les nouveaux professeurs gagneront en 2021, 100 € de plus par mois… mais dans le cadre de la réforme des retraites par points, dans le cadre d’une augmentation de la charge de travail. N’en déplaise à monsieur le ministre, les professeurs ne sont pas dupes, car depuis plus de deux mois, nous avons fait grève, nous sommes toujours pour le retrait, tout le monde a bien compris de quoi il s’agissait. Le principal souci du gouvernement est d’imposer avec le 49-3 la réforme rejetée majoritairement.
La FNEC FP-FO et le SNFOLC restent déterminés à maintenir la mobilisation engagée par la grève depuis le 5 décembre aux côtés des autres salariés.

Il est possible de gagner : réunissons-nous en AG partout pour décider

Tout le monde en a fait l’expérience : les temps forts à répétition, les journées saute-mouton risquent d’épuiser les salariés, personne n’en veut. Alors continuons ce que nous avons commencé. Les congés se terminent dans plusieurs académies. La FNEC FP-FO et le SNFOLC appellent à la tenue d’assemblées de secteurs, de services et d’établissements pour discuter et décider des initiatives à prendre pour dresser des dizaines et des centaines de milliers de salariés en même temps dans tout le pays pour que le gouvernement abandonne sa réforme.

La réforme Macron-Philippe ne tient qu’à un fil, la panique du ministre falsifiant la réalité en sont les preuves

Pour les faire plier et obtenir satisfaction sur les autres revendications, partout réunissons-nous pour décider la grève tous ensemble, dans l’unité !

 

Communiqué du 23 février (télécharger ici)