Une fin d’année scolaire 2018 tendue…
En juin dernier, de nombreux stagiaires, en butte au couperet des jurys académiques, ont été menacés de non-titularisation ou de licenciement. Ceci n’est pas sans rappeler les 1784 stagiaires professeurs des écoles et les 1631 stagiaires professeurs du second degré qui avaient eux-mêmes été « vus » par ces mêmes jurys en 2016.
Ainsi, cette année, dans le 93, ce sont des dizaines de professeurs des écoles stagiaires qui ont été convoqués pour passer devant le jury académique ; à Versailles ce sont 21% des professeurs certifiés stagiaires… Les ESPE de Grenoble, Dijon, Paris, Livry-Gargan se sont mobilisés en raison des conditions insupportables de travail et de formation.
Pour FO, le jury, transformé en épée de Damoclès, n’est pas compatible avec le statut général de la fonction publique. Les jurys s’octroient un pouvoir exorbitant remettant ainsi en question les résultats des concours !
Les effets désastreux de la masterisation
L’instauration de la masterisation des concours en 2012 a engendré un taux de démissions et de licenciements jamais atteint. La lourdeur de la formation (évaluation, mémoire, etc.), les exigences souvent différentes d’une ESPE à l’autre, les contraintes imposées (emplois du temps infaisables, formations pendant les vacances scolaires et le mercredi, éloignement), la pression du référentiel de compétences des métiers du professorat et de l’éducation sont autant de causes de démissions, redoublements et refus de titularisation.
Une masterisation aux conséquences lourdes pour les professeurs stagiaires, qui a également entraîné une crise du recrutement ! Cette année encore, des centaines de postes de professeurs des écoles et du second degré ne seront pas pourvus, avec peut-être une raison comptable à la clef : cinq ans d’études supérieures pour un premier salaire net de 1438,97 euros, soit à peine 18 % au-dessus du SMIC !
La préprofessionnalisation dès la Licence ? Non !
Après avoir imposé la masterisation des concours (obligation d’avoir un Bac+5 pour la titularisation), après l’obligation de passer par un Master de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF), après l’affectation des fonctionnaires stagiaires sur un demi‐service d’enseignement ou d’éducation (mesures qui ont prouvé leur inefficacité et leur lourdeur), le ministre entend répondre à la « crise du recrutement » de l’Éducation nationale en privilégiant une professionnalisation des concours.
A l’origine de ce choix, la Cour des Comptes s’était adressée à M. Blanquer pour lui demander une professionnalisation accrue. Le ministre a validé cette recommandation et a retenu le schéma suivant : une admissibilité en troisième année de Licence (L3) suivie d’une professionnalisation (c’est‐à‐dire en exercice sur le terrain), afin de « sélectionner ceux des admissibles qui présentent les meilleures aptitudes et la plus forte motivation pour le métier, quitte à compléter leur formation disciplinaire par la suite » (référé de la Cour des Comptes) : un comble pour un professeur !
Chaque année, près de 25.000 postes sont ouverts aux concours. La professionnalisation signifie que ces 25.000 recrutés potentiels seront pendant deux ans sans statut – ni fonctionnaires stagiaires, ni élèves‐professeurs sous statut. Ils seront apprentis‐professeurs, sans garantie d’admission, jetables à tout moment, sans la rémunération afférente au statut.

Les propositions de M. Blanquer s’inscrivent totalement dans le « nouveau contrat social » de la Fonction publique :
‐ 25.000 nouveaux agents ne figureront pas dans le budget de l’Éducation nationale, 50.000 en deux ans, c’est répondre à l’objectif de supprimer 120 000 postes dans la Fonction publique ;
‐ 25.000 nouveaux agents ne seront plus sous le statut de la Fonction publique de l’État, c’est le règne du contrat en lieu et place du statut, l’un des objectifs du ministre de l’Action et des comptes publics ;
‐ 25.000 nouveaux agents qui devront être « motivés » selon la Cour des comptes ; c’est la titularisation et la rémunération « au mérite » avec tout l’arbitraire que cela entend ;
‐ 25.000 en alternance, c’est répondre aux orientations du Président de la République fixées dans le projet de loi sur « la liberté de choisir son avenir professionnel » qui repousse de 25 à 29 ans la limite d’âge pour l’apprentissage ;
‐ 25.000 en contrat à durée déterminée, sur le modèle du contrat de professionnalisation existant dans le privé pour 1.048,93 € bruts !
Nos revendications
Force Ouvrière s’est toujours opposée à la masterisation. Le concours passé en L3 pendant des dizaines d’années, avec une année de stage en observation totale, a permis de recruter chaque année des milliers de professeurs, d’instituteurs, de conseillers principaux d’éducation, de conseillers d’orientation psychologues, qui ont pu commencer leur carrière avec une réelle formation dispensée par leurs pairs, et avec la sérénité nécessaire pour faire face à toutes les situations.
Force ouvrière s’oppose plus que jamais à ce projet de professionnalisation dès la licence, qui ne fait qu’obéir à une logique économique. Encourager cette professionnalisation, c’est renforcer la précarité du corps enseignant en fragilisant encore un peu plus les professeurs stagiaires.
Pour Force Ouvrière, il y a urgence à rétablir les Instituts de préparation aux enseignements du second degré (IPES) et les Écoles normales !
ABROGATION de la masterisation des concours
REFUS de la préprofessionnalisation dès la licence
RETOUR à un pré‐recrutement sous statut d’élève‐professeur, fonctionnaire stagiaire.
Vous êtes professeur stagiaire et vous avez des questions concernant votre année de stage, son déroulement, vos droits…
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Nous sommes là pour vous aider.