Édito de septembre 2018 : résolution de l’AG

Aujourd’hui, mercredi 19 septembre 2018, l’Assemblée Générale du SNFOLC 35 s’est réunie et constate la gravité des attaques portées à l’encontre des droits collectifs.

Plus que jamais, l’heure est à la résistance, à la revendication et à la reconquête de nos acquis.

Le SNFOLC 35 a été sur le terrain aux côtés des collègues, des étudiants et des lycéens en lutte. Il continuera à l’être.

Nous ne pouvons accepter la réforme du lycée Blanquer, qui entraîne la baisse généralisée des horaires d’enseignement, la suppression de postes, la hausse des effectifs, la mise en concurrence des lycées; réforme qui complexifie l’organisation du baccalauréat et sonne le glas de ce diplôme jusqu’alors national.

Nous ne pouvons accepter Parcoursup, qui généralise la sélection et a ainsi sorti du cursus universitaire 166 642 étudiants, tandis que 6 000 candidats restaient encore sans aucune proposition au 22 août 2018.

Nous ne pouvons accepter PPCR, ou la machine à soumettre les enseignants. En juin dernier, nombreux sont ceux qui ont découvert avec stupeur une grille d’inspection dégradante et des avis particulièrement sévères des IA-IPR et des chefs d’établissement. D’autres ont vu leur avis pour l’accès à la Hors Classe dégradé, avis qui devenait alors définitif. Dans notre académie, la règle des 20 % pour accorder les avis « très satisfaisant » (avis signifiés par les IA-IPR et les chefs d’établissement) a été appliquée avec zèle, alors que d’autres académies ont eu l’intelligence de s’en affranchir. Avec PPCR, tous les nouveaux enseignants sont condamnés à un salaire bloqué au rythme de l’ancienneté pendant les dix premières années de leur carrière.

Nous ne pouvons accepter le Décret Hamon de 2014, qui permet de démultiplier les tâches et la charge de travail qui incombe aux enseignants en imposant dans leur temps de service les « missions liées ». Il ne faut pas, dès lors, s’étonner, par exemple de la surcharge de travail des professeurs principaux : plus de trente nouvelles missions en cette rentrée 2018-2019 !

Nous ne pouvons accepter la réforme de l’enseignement professionnel : elle aggrave la polyvalence, ouvre la voie à la rémunération au mérite, et permet aux entreprises d’entrer dans le système scolaire dès la formation initiale et d’avoir la main mise sur la rédaction des référentiels. Elle réduit également de manière drastique les horaires consacrés aux disciplines générales.

Nous ne pouvons accepter l’instrumentalisation qui est faite de la mixité scolaire, prétexte ô combien mensonger et fallacieux pour fermer nombre d’établissements scolaires, notamment dans des zones d’éducation prioritaire.

Nous ne pouvons accepter la réforme sur l’orientation. Tandis que les COPSY, devenus PsyEN-EDO depuis février 2017, seront transférés aux régions, tandis que les CIO fermeront, tandis que l’État se désengage peu à peu du service public de l’orientation, tous les personnels d’éducation (les professeurs, les CPE, les professeurs documentalistes…) deviendront à leur tour conseillers d’orientation. Toujours plus de polyvalence, plus de tâches et une charge de travail toujours plus dense, pour tous.

Nous ne pouvons accepter la réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem : baisse des horaires disciplinaires, suppression de la grande majorité des classes bilangues, menace qui continue de peser sur l’existence des langues anciennes, plus grande autonomie des collèges dans l’organisation des enseignements, suppression de postes… Des dispositions qui ont permis au gouvernement de faire des économies importantes sur le dos des enseignants et de l’enseignement public.

Nous ne pouvons accepter le rapport sur le service public « CAP 22 », qui vise lui aussi à réduire le coût des services publics, en réduisant les postes d’enseignants, en introduisant la rémunération au « mérite », en diluant les statuts, en élargissant le recours aux contrats de droit privé, en créant un nouveau corps d’enseignants plus malléables car recrutés par les chefs d’établissement, des enseignants bivalents, annualisés…

Nous ne pouvons accepter la remise en cause de la Sécurité Sociale, de l’assurance chômage, du système de retraites par répartition…

Nous ne pouvons accepter ces attaques, perpétuellement exercées sur les premiers de corvée.


Qu’il s’agisse des enseignants, des AED, des AESH, des CPE, des Psy-EN, de tous les personnels de l’éducation, titulaires ou contractuels, des agents territoriaux et des personnels administratifs œuvrant dans nos établissements scolaires, et plus largement encore de tous les salariés, du public comme du privé, des étudiants, des lycéens, des privés d’emploi, des retraités… Tous, nous sommes les cibles d’attaques incessantes et destructrices initiées par le Gouvernement en place.

Nous n’avons d’autre choix que de refuser en bloc ce qui nous est présenté comme inéluctable, ou de bon sens. Il ne s’agit pas, comme le font d’autres organisations syndicales, de négocier, de manœuvrer ou d’obtenir quelques concessions au bon vouloir de ceux qui nous gouvernent. L’heure est à la résistance, à la revendication et à la reconquête de nos acquis.

C’est pourquoi l’Assemblée Générale du SNFOLC 35 revendique :

  • La création des postes d’enseignants nécessaires au bon fonctionnement de notre service public d’éducation.

  • Le rétablissement des heures disciplinaires supprimées par les différentes réformes.

  • Le maintien des programmes nationaux.

  • Le maintien d’un baccalauréat national et reconnu comme premier grade universitaire.

  • Le retour du Bac Pro 4 ans (2 ans BEP + 2 ans Bac Pro) et des épreuves nationales et ponctuelles, l’abandon du contrôle en cours de formation.

  • Le retour au Décret du 25 mai 1950 déterminant les obligations réglementaires de service des personnels enseignants du second degré.

  • Aucune fermeture d’établissement : Rosa Parks Malifeu, Rey Leroux à la Bouexière.

  • L’ouverture de places suffisantes dans les universités pour accueillir tous les étudiants qui souhaitent s’inscrire dans la filière de leur choix.

  • Le maintien des DRONISEP, de leurs personnels, des PsyEN-EDO, DCIO au sein de l’Éducation nationale.

  • L’augmentation de 16 % de la valeur du point d’indice et l’abrogation de PPCR.

  • Le maintien du code des pensions civiles et militaires, avec une retraite à taux plein à 60 ans après 37,5 annuités de cotisation.

Pour obtenir satisfaction, la mobilisation doit se construire dès à présent dans chaque établissement : heures d’information syndicales, assemblées générales, prises de position, dans les salles des professeurs, dans les vies scolaires, dans les locaux des agents et des administratifs, dans chaque lieu de travail.

A nous, syndiqués Force ouvrière, d’initier la résistance, d’informer partout autour de nous des menaces qui pèsent sur les personnels de l’éducation, et plus largement sur l’ensemble des salariés. Les luttes d’hier nous prouvent tous les jours combien il est capital de se syndiquer et de faire vivre l’action syndicale.

L’année 2017-2018 a été chargée : routiers en colère, étudiants et lycéens dans la rue aux portes des établissements qu’ils venaient bloquer, postiers, gaziers, cheminots, personnels des EHPAD, personnels hospitaliers, hôtesses de caisse chez Carrefour, retraités… La liste des mouvements sociaux de l’année passée est longue. Mais la contestation continuera tant que les privations et les régressions demeurent.

À nous de faire de l’année 2018-2019 le temps de la reconquête de nos acquis.

L’AG du SNFOLC 35 appelle tous les personnels d’éducation à se mobiliser avec l’ensemble des salariés, de la grève au blocage du pays s’il le faut, en commençant par la grève du 9 octobre 2018.

Parce que les lycéens et les étudiants ont raison de se mobiliser

Un mouvement de contestation organisé…

 Dès l’annonce du « Plan étudiant » et de la réforme du Bac et du Lycée en octobre 2017, des mouvements de contestation lycéens et étudiants ont vu le jour sur l’ensemble du territoire français : Paris, Nantes, Montpellier, Toulouse, Tours, Limoges, Nancy, Pau… et bien sûr Rennes. Organisation d’assemblées générales, comités de mobilisation, blocage d’universités et de lycées, manifestations (bien souvent interprofessionnelles)…

En Ille-et-Vilaine, de nombreux établissements universitaires et lycées ont été bloqués et se sont organisés contre la sélection, avec notamment le blocage des C.F.V.U. (Commission Formation et Vie Universitaire : instance qui a en charge l’élaboration des critères de sélection).

A Rennes 2, les Assemblées Générales ont pu atteindre jusqu’à 5.000 personnes réunies sur le parvis de Villejean devant le Hall B : des étudiants, des lycéens, des personnels des universités (enseignants et non enseignants), des professeurs du second degré, mais aussi des postiers, des cheminots, des salariés en lutte. Car tous ont compris la nécessité de coordonner les mouvements de résistance.

De novembre 2017 à juin 2018 à Rennes, les blocages se sont multipliés. Des diffusions de tracts ont permis d’interpeller les lycéens, les étudiants et les enseignants non mobilisés. Car il est essentiel d’informer pour élargir le mouvement, qui ne s’arrêtera pas en juin 2018.


Un mouvement systématiquement réprimé

Dans toute la France, ce mouvement de contestation a été systématiquement réprimé par des forces  de l’ordre en nombre et bien équipées :

  • Dans la nuit du 8 au 9 mai 2018, quelques 200 CRS et policiers de terrain ont évacué les 60 à 80 étudiants qui occupaient l’université Jean Jaurès (ex-Mirail). « Plusieurs camions de CRS ont débarqué vers 4 heures du matin aux abords de l’université, survolée par un hélicoptère pendant l’évacuation. L’entrée principale donnant accès au bâtiment de l’Arche, l’autre bâtiment occupé, a été très vite bloqué par un cordon de CRS, casqués et équipés de boucliers. Les étudiants sortaient par groupes. « (source : Le Parisien)
  • Vendredi 20 avril, sur le site universitaire de Tolbiac, 150 CRS sont intervenus au petit matin pour évacuer la cinquantaine de personnes qui occupaient les lieux pour protester contre la sélection. En moins de quarante-cinq minutes, l’opération policière a mis fin à trois semaines de mobilisation sur un site où se tenaient chaque jour ateliers, projections, conférences et soirées.
  • L’évacuation particulièrement violente de l’université de Montpellier dans la nuit du 23 au 24 mars a marqué les esprits : des hommes cagoulés armés de tasers et de bâtons sont entrés dans l’amphithéâtre où se réunissaient les étudiants et lycéens mobilisés. Plusieurs personnes ont été blessées, dont trois hospitalisées. Sous la pression une enquête a été ouverte. Le doyen porte la responsabilité de cette violence inouïe envers des étudiants réunis en assemblée générale. Celui-ci a été mis en examen et contraint à la démission.

A Rennes, les lycéens et étudiants mobilisés pendant plusieurs mois ont fait face à une répression à la fois policière et administrative :

  • Journées d’exclusion, exclusions de stage, heures de retenue abusives prononcées contre les lycéens engagés dans le mouvement…
  • Horaires des partiels décalés au dernier moment pour les étudiants, surcharge de dossiers à rendre, des étudiants à qui l’on a fait comprendre qu’il serait inutile de se présenter dans certaines filières en raison de leur activité militante…
  • Aux portes des lycées lors des blocages, des interventions policières souvent musclées… A titre d’exemple, le jeudi 19 avril 2018, nous étions plusieurs délégués syndicaux (Force ouvrière, Sud Éducation, CNT, AG Interpro) présents devant le lycée Joliot Curie pour aider les lycéens et les étudiants à bloquer l’établissement. Nous avons alors pu constater que non seulement les policiers étaient autorisés à pénétrer dans les établissements scolaires, véhicules inclus, mais qu’ils n’hésitaient pas non plus à enfoncer avec leur voiture un des barrages mis en place par les manifestants, malgré la présence de personnes devant ce barrage.
  • L’évacuation de Rennes 2 par les forces de l’ordre le lundi 14 mai 2018.
  • Un cortège étudiant et lycéen régulièrement gazé et nassé… Lors de la manifestation du 1er mai à Rennes, les forces de l’ordre se sont montrées particulièrement agressives. Avant même le début de la manifestation, les étudiants et les lycéens (autour de 300 personnes), partis de Rennes 2 pour rejoindre le cortège intersyndical rassemblé Place de la Mairie, se sont fait charger par la police sur le pont entre le Mail et les quais de la Vilaine. Les vidéos qui ont été prises lors de cette intervention (disponibles sur Internet) témoignent de la violence de cette charge, avec des manifestants bousculés et jetés au sol sous les coups de matraque des forces de l’ordre. Un étudiant a été interpellé et placé en garde à vue, plusieurs autres ont été blessés, la banderole a été saisie. Un peu plus tard, à la hauteur du boulevard de la Liberté, alors que l’ensemble du cortège intersyndical et étudiant défilait, les CRS ont isolé le cortège de tête et malmené un groupe de manifestants (essentiellement composé d’étudiants et de lycéens, qui défilaient dans le calme) à coups de matraques et de gaz lacrymogènes, faisant ainsi plusieurs dizaines de blessés.

PARCE QUE FORCE OUVRIÈRE CONDAMNE LES VIOLENCES DONT A ÉTÉ VICTIME LE MOUVEMENT LYCÉEN ET ÉTUDIANT,

PARCE QUE FORCE OUVRIÈRE SOUTIENT LES LYCÉENS / ÉTUDIANTS ENGAGÉS DANS CETTE LUTTE,

PARCE QUE FORCE OUVRIÈRE REFUSE LE PLAN ÉTUDIANT, PARCOURSUP ET LA RÉFORME DU LYCÉE,

PARCE QU’À FORCE OUVRIÈRE, NOUS SOMMES CONVAINCUS QUE LA SOLIDARITÉ ENTRE LYCÉENS / ÉTUDIANTS ET SALARIÉS EST ESSENTIELLE POUR GAGNER LE COMBAT,

Nous continuerons de prêter main forte aux lycéens et étudiants comme nous l’avons fait cette année : participation aux assemblées générales de Rennes 2, diffusion des revendications des différents comités de mobilisation auprès des personnels de l’éducation, participation aux blocages de lycée, intervention auprès du Préfet et des forces de l’ordre durant les manifestations pour demander la levée des nasses…

CAR LA LUTTE CONTINUE.

Tous ensemble

Lycéens / étudiants : les raisons de la colère

Le tirage au sort a bon dos…

Le projet de loi «relatif à l’Orientation et à la Réussite des Étudiants» a été présenté lors du  CNESER (Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche) du 13 novembre 2017.

Dans sa présentation, la ministre a largement utilisé le tirage au sort de juin 2017 ainsi que le taux d’échec à l’université pour justifier son projet de loi, omettant soigneusement d’indiquer que la cause première de cet échec trouve sa source dans les conditions faites aux étudiants et aux enseignants (amphithéâtres surpeuplés, salles de TD en nombre et en taille insuffisante, pénurie de postes…), sans oublier l’impact direct des réformes antérieures du lycée et du collège ….

Le gouvernement l’avait expliqué : « on ne peut pas continuer avec le tirage au sort. Le tirage au sort est inacceptable ». C’est vrai. Il est inacceptable. Mais il ne s’agit pas de faire n’importe quoi !


Une sélection généralisée qui empêche les jeunes de s’inscrire dans le supérieur…

A la place du tirage au sort, le gouvernement a mis en place la sélection généralisée. Nul ne peut ignorer la situation à l’université : il n’y a pas assez de places, pas assez de postes. Plutôt que de créer des postes et d’augmenter les capacités d’accueil, la ministre Vidal a institutionnalisé la loterie sauvage, la sélection par le CV, la lettre de motivation, la lettre de recommandation.

Quelques chiffres : alors que 28.000 bacheliers supplémentaires sont attendus à la rentrée 2018, ce sont en tout et pour tout 19.000 places supplémentaires créées dans l’enseignement supérieur. Dans une filière « en tension » comme la filière STAPS, 6.000 dossiers sont parvenus à l’université Paris-Est-Créteil pour 300 places. Ce sont, à Paris-I, 600 places en première année de droit pour 14.000 dossiers reçus.

A un mois de la rentrée universitaire, beaucoup d’établissements d’enseignement supérieur étaient encore dans le flou quant au nombre d’étudiants qu’ils devraient accueillir. Une situation inédite, liée à la mise en place de la nouvelle plate-forme d’affectation : Parcoursup.

Parcoursup

A un mois de la rentrée universitaire, sur les 812.000 lycéens et étudiants en réorientation qui s’y sont inscrits, seuls 58 % (469.998) avaient définitivement validé leur orientation, selon  les indicateurs publiés par le ministère de l’Enseignement supérieur. Ils étaient 115.993 à avoir reçu une proposition tout en maintenant d’autres vœux en attente et 68.331 à n’avoir eu aucune réponse positive.

Le dispositif Parcoursup a même contribué à vider certaines filières ! Voici deux résultats édifiants en cette rentrée 2018-2019 :

  • Dans la prépa scientifique du lycée public Kerichen-Vauban à Brest : il y a 61 élèves en PCSI contre 96 l’an dernier !
  • Dans la prépa scientifique du lycée public Kerichen-Vauban à Brest : il y a 61 élèves en PCSI contre 96 l’an dernier !

Des critères de sélection opaques, injustes et discriminants 

Dans une tribune du 4 juin 2018, l’interfédérale de l’éducation dont fait partie Force ouvrière a dénoncé le fait que ni les candidats, « ni leurs enseignants de lycée n’avaient eu connaissance des critères ou algorithmes locaux mis en place pour déterminer l’ordre des dossiers« . Selon les signataires, « plusieurs centaines de milliers » d’élèves allaient être départagés sur des critères « injustes et discriminants ».

L’interfédérale a également insisté sur « l’injustice » de Parcoursup, car « il a fallu remonter jusqu’à plusieurs décimales après la virgule (parfois sept) pour départager des lycéens en fonction de leur moyenne« , ce qui relève « d’une loterie » ou d’un « tirage au sort« .

Elle a enfin dénoncé le caractère « discriminant » de Parcoursup car « il apparaît que dans les critères locaux, des pondérations de moyenne en fonction de la filière de baccalauréat et des lycées d’origine ont pu être appliquées« .


Un bac local et non plus national

La mécanique de cette réforme aboutit à priver les élèves et les enseignants de la garantie qu’offrent actuellement les programmes nationaux. Ceux-ci ne deviennent qu’une référence indicative puisque chaque lycée peut déroger aux horaires d’enseignement et organiser l’évaluation de ses propres élèves pour le diplôme terminal.

La réforme Blanquer du lycée va plus loin que n’a jamais été aucune réforme dans la destruction de l’enseignement disciplinaire. Les enseignants de première et de terminale ne sauraient plus sur combien d’heures de cours ils peuvent compter. Quant aux élèves, dans une même ville, ils ignoreraient également le nombre d’heures de cours dont ils bénéficieraient en 1ère et en Terminale, puisque rien ne le garantit plus : ni les programmes, ni la grille horaire.

Locaux


La fin du droit à l’éducation pour tous

Dès lors, le droit d’égal accès à l’instruction ne peut plus leur être garanti, en contradiction avec l’alinéa 13 du préambule de la Constitution de 1946, toujours en vigueur : « La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État. « 


Un système aberrant : la fiche avenir

La réforme confie à l’enseignant qui exerce en classe de terminale le rôle d’effectuer une pré-sélection lors des conseils de classe. Il se doit alors d’étudier les vœux émis par ses élèves, pour les valider ou les refuser.

Or, 70.000 élèves de terminale sur le territoire français, cela représente 7 millions de vœux à étudier par les équipes pédagogiques. A raison de 10 vœux au moins par élève (qui peuvent être groupés et contenir des vœux) x 35 élèves en moyenne par classe et à raison d’une minute par vœu = 5h50 par classe !

Cette pré-sélection n’a aucun sens. Et a pour conséquences directes un accroissement du temps de travail, et la modification du rôle et de la place du professeur.


Des contre-réformes aux conséquences désastreuses

  • Les contre-réformes du lycée, du baccalauréat et de l’accès à l’enseignement supérieur (loi ORE) vont avoir des conséquences désastreuses sur le système éducatif français : liquidation du baccalauréat, dilution des disciplines, baisse des horaires disciplinaires, suppression de milliers de postes, multiplication des compléments de service en fonction des choix locaux…

Mais bien d’autres contre-réformes aux conséquences tout aussi destructrices ont précédé les réformes en question :

  • Au collège, le nombre d’heures en français n’a cessé de diminuer : 6h par semaine au collège en 1995 en 6ème, 4h30 aujourd’hui. En mathématiques, de 1992 à 2012, les élèves de 5ème et de 4ème ont perdu une demi-heure hebdomadaire. La réforme du collège de 2016 a baissé d’une demi-heure l’horaire de mathématiques en 3ème et au total, ce sont 10h de cours disciplinaires hebdomadaires perdues, soit au moins 360 heures par an !
  • Au lycée, la réforme Chatel de 2010 a supprimé tous les dédoublements nationaux et des heures disciplinaires. Ce qu’a indiqué la précédente ministre : « de 2008 à 2015, l’indicateur d’heure par élève a été réduit de 6,5 %. » (Communiqué du 29 septembre 2016, archives du ministère de l’Éducation nationale). Tous les élèves de Seconde ont perdu la demi-heure dédoublée. En filière C (ancienne dénomination de la filière S), il y avait 6h de mathématiques en Première et 9h en Terminale. Actuellement, il ne reste que 4h en Première (une heure dédoublée en moins avec la réforme des lycées) et 6h en Terminale. L’Académie des Sciences fait le même constat : « une baisse de niveau qui s’explique par les réformes du lycée engendrées en 2000 et 2010. Ces dernières ont entraîné une réduction importante du volume horaire (4h30 hebdomadaires de Physique-Chimie en 2001, contre 3h en 2011 pour les premières S). « (communiqué de l’Académie des Sciences, Octobre 2017)

Ces contre-réformes successives, qui ne visent qu’à faire des économies au sein de l’Éducation nationale, expliquent la baisse du niveau des bacheliers sortants. Le grignotage progressif qui est fait des horaires disciplinaires, ne permet plus aux lycéens d’acquérir les mêmes connaissances que les générations précédentes. Grignotage, qui, par ses conséquences, a renforcé l’idée de la sélection : « les lycéens nouvellement diplômés n’auraient plus le niveau suffisant pour réussir à l’université. Il  faut donc les sélectionner !  » Un mensonge parfaitement huilé et médiatisé !

Les choix opérés par le Gouvernement ces trente dernières années sont à l’exact opposé des revendications de Force ouvrière.

Nous exigeons :

l’abandon de la réforme du collège de l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem ;

l’abandon de la réforme du baccalauréat et du lycée de Jean-Michel Blanquer ;

l’abrogation de la loi ORE et de Parcoursup ;

le maintien et rétablissement des épreuves nationales, terminales, anonymes ;

la création des postes nécessaires pour réduire les effectifs par classe dans les collèges et les lycées ;

– le rétablissement des heures disciplinaires supprimées dans les collèges et les lycées ;

le maintien des horaires disciplinaires nationaux et des programmes nationaux.

Comme l’a affirmé Force ouvrière depuis des mois au sein de l’interfédérale de l’éducation évoquée ci-dessus, le baccalauréat doit rester un diplôme national, garant de l’égalité des lauréats à l’échelle nationale, et le premier grade universitaire permettant à tout bachelier, partout sur le territoire, l’accès à la filière universitaire de son choix.

C’est précisément ce droit que la loi Vidal dite « Orientation et Réussite des Étudiants » du 8 mars 2018 remet en cause : s’il est retenu, le lycéen ira où il y aura des places disponibles.